Featured image: “Belém Climate Summit Opening Plenary” by UNclimatechange
Résumé
La COP30 a mis en évidence à la fois des progrès significatifs et des lacunes critiques dans l’action climatique mondiale. La société civile a exercé une pression forte pour accélérer les efforts contre le changement climatique et protéger les communautés vulnérables, soutenue par des demandes pour un financement climatique plus accessible et percutant. Cependant, le sommet n’a pas réussi à obtenir un engagement ferme pour la sortie des combustibles fossiles et n’a pas fourni de feuille de route claire et concrète pour résoudre la crise croissante de la déforestation. Ces développements soulignent à la fois les défis persistants et la nécessité d’une coopération mondiale renforcée pour atteindre les objectifs climatiques à long terme.
Ce qui s’est passé à la COP30
La 30e Conférence des Nations Unies sur les Changements Climatiques (COP30), tenue à Belém, au Brésil, du 10 au 21 novembre 2025, a réuni des dirigeants mondiaux, des négociateurs et la société civile pour faire progresser l’action climatique mondiale. Organisé au cœur de la forêt amazonienne, le sommet a porté une urgence accrue dans la lutte contre le changement climatique. Pourtant, malgré de grands espoirs, la conférence a été marquée par des débats polarisants et des négociations contentieuses sur des enjeux clés tels que la transition énergétique, la déforestation et le financement climatique.
Bien que la conférence n’ait pas abouti à des engagements contraignants, elle a souligné l’importance de l’action collective et des initiatives portées par les communautés. Un résultat clé a été le lancement de l’initiative Global Mutirão — un terme Tupi-Guarani signifiant “effort collectif” — visant à mobiliser les communautés, les villes et les individus dans le monde entier. Cette initiative constitue une partie centrale de l’accord soutenu par 194 pays, dont l’Ukraine, contribuant ainsi à maintenir l’élan pour l’avenir.
Dans son discours de clôture, Simon Stiell, secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), a reconnu le contexte politique tumultueux dans lequel s’est déroulée la COP30. “Nous savions que cette COP se tiendrait dans des eaux politiques agitées. Le déni, la division et la géopolitique ont porté des coups durs à la coopération internationale cette année,” a-t-il déclaré.
“Mais amis, la COP30 a montré que la coopération climatique est bien vivante, maintenant l’humanité dans la lutte pour une planète vivable, avec une ferme détermination à garder les 1,5°C à portée de main. Je ne dis pas que nous gagnons la bataille climatique. Mais nous y sommes indéniablement toujours et nous ripostons. Ici à Belém, les nations ont choisi la solidarité, la science et le bon sens économique.”
Bien que les remarques de Stiell transmettent de la détermination, elles soulignent également les défis profonds qui continuent d’entraver les progrès sur les questions climatiques critiques.
Points clés à retenir
Transition énergétique et absence d’accord
L’un des résultats les plus attendus de la COP30 était un engagement mondial pour une feuille de route claire et applicable pour éliminer progressivement les énergies fossiles. Malheureusement, le sommet a échoué, les pays fortement dépendants de la production pétrolière, notamment l’Arabie Saoudite, la Russie et leurs alliés, ayant joué un rôle central pour bloquer une accélération de cette phase de sortie.
Malgré la pression des défenseurs du climat, aucun engagement contraignant n’a été pris et, bien que des plans pour une transition vers les énergies renouvelables aient été esquissés, l’absence de calendrier concret a déçu beaucoup de participants. Toutes les références explicites aux combustibles fossiles ont été supprimées du texte final, ne laissant qu’une mention vague du « Consensus des Émirats Arabes Unis » de la COP28, sans feuille de route, objectifs ni délais clairs.
En réponse, le président de la COP, André Corrêa do Lago, a annoncé que le Brésil prendrait la tête du développement de deux feuilles de route pour la sortie des énergies fossiles en dehors du processus officiel de négociation de la COP des Nations Unies. Il a révélé qu’une « Première Conférence internationale pour la sortie des combustibles fossiles » se tiendra en Colombie en avril 2026.
La lutte contre la déforestation
Étant donné que la COP30 s’est tenue au Brésil, près du cœur de la forêt amazonienne, la déforestation était censée être une question centrale. Les attentes mondiales étaient élevées, en particulier après que plus de 100 pays se soient engagés lors de la COP26 à stopper et inverser la déforestation d’ici 2030. Pourtant, le sommet s’est terminé sans feuille de route claire pour tenir cet engagement, malgré la reconnaissance mondiale du rôle crucial des forêts tropicales et mondiales dans la stabilisation du climat.
Comme l’a souligné Dr Aline Soterroni, une scientifique brésilienne spécialisée dans les liens climat-nature au Département de biologie :
« Il est décevant de voir qu’une ‘COP forêt’ en Amazonie progresse sans un langage fort sur l’arrêt et l’inversion de la déforestation et de la dégradation des forêts d’ici 2030. »
Cela dit, la COP30 a fait quelques progrès en matière de financement forestier, avec plus de 5,5 milliards de dollars annoncés pour le Tropical Forests Forever Facility (TFFF). Cette initiative vise à mobiliser des ressources pour protéger les forêts tropicales et soutenir des pratiques d’utilisation durable des terres. Bien que ces engagements financiers soient insuffisants pour des engagements contraignants sur la déforestation, ils représentent des avancées importantes dans la conservation des forêts et la résilience climatique.
Financement climatique : feuille de route de Bakou à Belém et triplement du financement pour l’adaptation
Bien que le financement climatique n’ait pas été officiellement à l’ordre du jour, il a été un point central de la COP30, avec des discussions concentrées sur la manière dont les pays mettront en œuvre le New Collective Quantified Goal (NCQG) adopté à Bakou, notamment l’augmentation du financement public en vertu de l’Article 9.1 de l’Accord de Paris.
La décision Mutirão a établi un programme de travail de deux ans pour maintenir l’élan dans la mise en œuvre des engagements de Bakou, en fournissant une plateforme pour un suivi à travers la Feuille de route de Bakou à Belém. Cette feuille de route vise à mobiliser 1,3 trillion de dollars par an d’ici 2035, provenant des secteurs public et privé, tout en soutenant les pays en développement dans la quête du financement public de 300 milliards de dollars, essentiel pour l’action climatique dans la décennie à venir.
Sur la base de ces engagements plus larges en matière de financement climatique, la COP30 a également abouti à un résultat majeur : un accord visant à tripler le financement mondial pour l’adaptation d’ici 2035. Concrètement, cela fixe un nouvel objectif d’environ 120 milliards de dollars par an pour l’adaptation, contre environ 40 milliards de dollars sous les objectifs financiers mondiaux précédents. Cela dit, l’accord n’a pas répondu aux nombreuses attentes. Les critiques estiment que le calendrier — 2035 — est trop retardé, étant donné que les pays vulnérables au climat souffrent déjà des impacts graves du changement climatique. De plus, les engagements mesurés restent vagues, et certaines organisations ont souligné le risque que cela représente pour les populations vulnérables.
Adoption du plan d’action pour le genre
Les négociations de Belém se sont conclues par l’adoption du très attendu Plan d’action pour le genre. Ce résultat renforce l’action climatique sensible au genre en favorisant l’utilisation de données désagrégées, l’analyse du genre et une meilleure coordination entre les acteurs clés. Il appelle également les pays à intégrer les considérations de genre dans leurs politiques climatiques nationales et dans leurs rapports à la CCNUCC, contribuant ainsi à garantir une responsabilité plus claire dans tous les domaines de l’action climatique.
Il est important de noter que le plan reconnaît que des facteurs tels que la race, le handicap et l’âge influencent la manière dont les personnes subissent les impacts du climat et s’engagent dans les solutions. Renforcer la base de preuves sur ces questions croisées sera essentiel à mesure que les pays mettront en œuvre le plan au cours de la prochaine décennie.
Barrières commerciales et mécanisme de transition juste
La COP30 a vu des débats sur les mesures commerciales liées à l’action climatique, notamment le Carbon Border Adjustment Mechanism (CBAM) de l’Union Européenne. De nombreux pays, notamment la Chine, l’Inde et l’Arabie Saoudite, ont exprimé des préoccupations sur ce qu’ils ont appelé des « accords commerciaux unilatéraux », notant que de telles mesures pourraient avoir des effets négatifs sur les pays du Sud global. En fin de compte, une décision a inclus un accord pour examiner les questions commerciales à travers trois dialogues annuels, à partir du mois de juin prochain.
Beaucoup se sont réjouis que l’accord inclue un mécanisme de transition juste, conçu pour soutenir les travailleurs et les communautés affectés par le passage aux énergies renouvelables. Il fournit des politiques et des ressources financières pour former les travailleurs, créer des emplois verts et favoriser des opportunités économiques durables dans les régions traditionnellement dépendantes des industries fossiles.
Progrès sur les NDC
À la fin de la COP30, 119 pays représentant 74 % des émissions mondiales avaient soumis des NDC mises à jour, montrant certains progrès en matière de réduction des émissions et d’action sectorielle, mais restant bien en deçà des réductions nécessaires d’ici 2035 pour maintenir le réchauffement en dessous de 1,5°C. En réponse, la COP30 a lancé deux initiatives volontaires — l’Accelerator Global Implementation et la “Mission Belém pour 1,5” — pour accélérer la mise en œuvre des NDC et des plans d’adaptation nationaux.
Pour la première fois, les négociateurs ont reconnu le risque de dépasser les 1,5°C et l’importance de limiter à la fois son ampleur et sa durée, avec des progrès issus de ces initiatives devant être examinés à la COP31 en 2026.
Le rôle de la société civile et des manifestations
La société civile a eu une forte présence lors de la COP30, notamment avec la marche pour la justice climatique qui a rassemblé 70 000 personnes à Belém. Des activistes, des groupes de jeunes et des environnementalistes ont poussé pour des engagements climatiques plus forts, exhortant les dirigeants mondiaux à agir de manière décisive. Le People’s Summit, organisé parallèlement, a réuni des groupes indigènes, des militants pour la justice environnementale et des leaders communautaires, soulignant que les communautés les plus vulnérables doivent être au cœur de l’action climatique.
Les manifestants indigènes, notamment ceux de l’Amazonie, ont insisté sur la nécessité de protéger leurs terres et leurs modes de vie traditionnels face à la déforestation et à l’industrialisation. Bien que la COP30 ait offert une plateforme pour ces voix, certains critiques estiment que les préoccupations des communautés de base n’ont pas été pleinement priorisées dans les négociations officielles.
À l’horizon : COP31 et la voie à suivre
À l’horizon, la COP31 en 2026, qui se tiendra en Turquie, sera une occasion cruciale de capitaliser sur l’élan du plan de route de Bakou à Belém et de l’initiative Global Mutirão. L’attention se tourne désormais vers la mise en œuvre de ces cadres sous forme de politiques concrètes, avec des échéances claires, d’autant plus que les impacts du changement climatique deviennent de plus en plus urgents pour les régions vulnérables. Un leadership audacieux et une pression continue de la société civile seront essentiels pour garantir que les engagements pris lors de la COP30 soient suivis d’actions significatives.
La COP30 a montré que bien que le chemin à suivre soit semé d’embûches, il reste encore de la place pour l’espoir. Les décisions prises à Belém seront déterminantes pour savoir si les efforts mondiaux peuvent être amplifiés pour répondre aux exigences climatiques croissantes. Désormais, l’accent est mis sur la nécessité de traduire l’esprit de solidarité et de coopération démontré lors de ce sommet en un changement tangible et durable.
