Marché de la finance durable

Marché de la finance durable : à quoi s’attendre en 2023-2024

L’année 2022 a mis l’accent sur la sensibilisation et l’harmonisation. En 2023-2024, on s’attend à ce que l’accent soit mis sur la mise en œuvre, l’exécution et la livraison.Il est probable que l’on consacrera moins d’efforts à la promotion d’un financement durable et que l’on mettra davantage l’accent sur les aspects pratiques de l’intégration de la durabilité dans le marché. Compte tenu de cela, nous avons identifié trois tendances importantes qui devraient façonner 2023.

Il y a trois grandes tendances à surveiller au cours des deux prochaines années sur le marché financier durable. Ces tendances sont interconnectées et multiformes, chacune méritant une attention distincte.

Tendance 1

Définition de l’écoblanchiment

L’écoblanchiment est un sujet récurrent depuis un certain temps, mais son importance dans la finance durable a bondi lorsque les autorités américaines ont ouvert une enquête sur les allégations ESG de la branche de gestion d’actifs de Deutsche Bank, DWS. À l’aube de 2023, cette question occupe le devant de la scène, alimentant les discussions et façonnant les processus de prise de décision.

Malgré l’élan croissant et les graves implications associées au greenwashing, une question fondamentale demeure : comment définir précisément le « greenwashing » ?

Bien que différentes parties prenantes puissent proposer des interprétations différentes, il y a un appel croissant à l’établissement d’une compréhension commune de l’écoblanchiment. Des institutions telles que les autorités européennes de surveillance (ESA) et la Financial Conduct Authority (FCA) du Royaume-Uni insistent sur le besoin de clarté. En outre, la Commission européenne devrait proposer une directive visant à réglementer les « allégations vertes » faites par les organisations.

L’appel à une définition claire et partagée de l’écoblanchiment est justifié, mais il faut aborder ce défi avec prudence et objectivité. Si les conséquences du greenwashing sont effectivement indésirables, il existe un risque de sanctions trop sévères qui pourraient entraver les investissements et l’innovation nécessaires. Il est important de reconnaître que l’inaction peut également présenter des risques importants au-delà de la question de l’écoblanchiment.

Tendance 2

Démêler l’essence du financement de la transition

À l’instar du concept de « greenwashing », la notion de « financement de la transition » fait partie du discours du marché depuis un certain temps. Cependant, il a récemment gagné en popularité, ayant un impact significatif sur le marché. Cette tendance n’est pas surprenante, compte tenu des efforts mondiaux en cours pour faire la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, ce qui nécessite que diverses parties évoluent à des rythmes différents à travers diverses itérations et cycles d’investissement. « L’examen 2021 de l’OCDE sur les approches liées au financement de la transition suggère que, dans le cadre des approches existantes, le financement de la transition a généralement été compris comme étant destiné à décarboner des entités ou des activités économiques qui : (i) sont à forte intensité d’émissions1, (ii) ne disposent peut-être pas actuellement d’un substitut à émissions faibles ou nulles qui soit économiquement disponible ou crédible dans tous les contextes pertinents2, mais (iii) sont importantes pour le développement socio-économique futur. Source : Guide de l’OCDE sur le financement de la transition.Assurer la crédibilité du Plan de transition climatique des entreprises.

Au sein des marchés financiers, ce sujet a fait l’objet de nombreux débats, conduisant à des évolutions tangibles telles que l’émergence des « obligations de transition ». Même les structures étiquetées comme « liées à la durabilité », soutenues par des organisations réputées comme l’International Capital Market Association (ICMA) et la Loan Market Association (LMA), incarnent intrinsèquement l’essence de la « finance de transition ». De nombreuses publications d’institutions de premier plan ont cherché à clarifier le concept et à accroître la transparence de ces discussions.

Malgré ces efforts bien intentionnés, la nature du « financement de la transition » reste insaisissable, tout comme le « greenwashing ». Il n’est pas réaliste de s’attendre à un cadre descendant définitif ou à une définition universelle unique du « financement de la transition ». Au lieu de cela, il est probable qu’une compréhension alignée à l’échelle mondiale du « financement de la transition » émergera de manière organique, ressemblant à une mosaïque d’applications diverses, certaines explicitement étiquetées comme telles, tandis que d’autres ne le sont pas. En 2023, nous assisterons peut-être à un premier aperçu de ce paysage en évolution.

Tendance 3

Évolution du paysage des produits de finance durable : l’innovation et la qualité occupent le devant de la scène

L’un des facteurs clés de la refonte des marchés financiers vers la durabilité a été la croissance remarquable du marché des obligations vertes et d’autres produits de finance durable. Ces produits sont maintenant devenus une partie intégrante et stable du marché, les principes d’obligations vertes de l’ICMA célébrant bientôt leur existence de dix ans.

À première vue, il peut sembler étrange de considérer ce domaine de la finance durable comme une tendance pour 2023, compte tenu de sa présence établie. Cependant, un examen plus approfondi révèle le potentiel d’émergence d’une deuxième vague de produits et d’innovations. Avec l’élan autour de la thématique « finance de transition », nous anticipons une résurgence de l’étiquette « transition », qui pourrait gagner en popularité cette fois-ci.

De plus, la notion de structures « hybrides » est sur le point d’entrer dans le débat sur la finance durable, car les acteurs du marché recherchent des approches nouvelles et innovantes pour rester pertinents pour les parties prenantes.

Cette structure novatrice combine une double approche : un niveau de cadre d’« utilisation des produits » (UoP) et un niveau d’actif « lié à la durabilité ». Les fonds des investisseurs sont alloués à des actifs qui s’alignent sur les définitions du cadre, à l’instar d’autres cadres d’obligations vertes. Toutefois, l’évaluation de ces actifs va au-delà de l’utilisation éventuelle du produit et s’étend aux engagements globaux de l’entité emprunteuse, en se concentrant dans un premier temps sur les aspects liés au climat.

Outre la mise en place de nouvelles structures et de nouveaux outils, un engagement résolu en faveur de la qualité est attendu, en particulier en ce qui concerne les définitions (telles que « matérialité » et « ambition ») et les catégories liées à la taxonomie de l’UE, ainsi que l’exactitude des données et l’impact vérifiable. Bien que ce sujet reçoive l’attention depuis plusieurs années et qu’il exige une attention constante, il convient de souligner son importance cette année en raison du lancement imminent de la norme européenne sur les obligations vertes, de l’introduction de catégories de taxonomie supplémentaires et de la pression générale en faveur de données ESG de meilleure qualité.

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